Zelensky insiste. Dans un communiqué mercredi après-midi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réaffirmé que le missile qui a tué deux personnes dans un village polonais près de la frontière avec l’Ukraine était russe. “Je n’ai aucun doute que le missile n’était pas le nôtre”, a-t-il déclaré. Cependant, la prudence s’imposait de la part de l’OTAN, de l’Europe et des États-Unis. Mardi après-midi, Moscou a démenti avoir bombardé le territoire polonais. Et quelques heures seulement avant la déclaration de Zelenskiy mercredi, le président polonais Andrzej Duda a fait état d’une victime par la défense ukrainienne. “Rien n’indique qu’il s’agissait d’une attaque délibérée contre la Pologne”, a-t-il déclaré aux journalistes. Il n’y avait “aucune indication d’une attaque délibérée” contre la Pologne, avait déclaré à l’époque le chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg. Plus tard dans la soirée, Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, a également crédité la thèse d’un système de défense antimissile ukrainien.

« Dans le contexte, on peut le justifier »

“Pour la première fois, la Russie dit quelque chose qui s’avère vrai sur ce missile, ce qui rend difficile la propagande de l’autre camp”, analyse sur le plateau de BFMTV Ulysse Gosset, chroniqueur politique international. “Mais il ne faut pas oublier l’essentiel : il y a une journée terrible devant l’Ukraine”, poursuit-il, rappelant les frappes russes sur le sol ukrainien. “Dans le contexte, on peut l’excuser, car c’est la première fois qu’il a un peu dérapé”, explique Ulysse Gosset. Cependant, cet entêtement ressemble à une erreur stratégique pour Volodymyr Zelensky. Ainsi, le gouvernement hongrois a évalué mercredi que le président ukrainien donnait “un mauvais exemple”. “Dans une telle situation, les dirigeants mondiaux parlent de manière responsable”, a déclaré à la presse le chef de cabinet du Premier ministre Viktor Orban, Gergely Gulias. Cependant, “le président ukrainien, en blâmant immédiatement les Russes, s’est trompé, c’est un mauvais exemple”, a-t-il ajouté, saluant au contraire la position prudente de la Pologne et des Etats-Unis.

“Ça complique la vie”

La déclaration immédiate du président ukrainien est également critiquée par la partie française. Dans une interview accordée à nos confrères de FranceInfo, le général Michel Yakovleff, officier général de l’armée française, affirme que Zelensky “a raté l’occasion de se taire”. “Il a un chapitre sympathique, mais je ne comprends pas pourquoi il était si pressé. C’est gênant pour lui vis-à-vis de l’OTAN et ouvre une vraie voie à la propagande russe”, a déclaré le général, qui considère Volodymyr Zelensky comme un “se compliquer la vie”. La position du président ukrainien a en effet été largement dénoncée par Moscou. Sur BFMTV, le représentant de l’ambassade de Russie en France, Alexandre Makogonov, a notamment confirmé que Zelensky “[avait eu] une réaction hystérique.”