Le dissident irano-américain Masih Alinejad, à l’origine de nombreuses campagnes contre le port obligatoire du voile en République islamique d’Iran, a rencontré Emmanuel Macron dans la soirée du vendredi 11 novembre. Cet entretien, le premier entre une opposition iranienne et le chef d’une grande puissance, intervient alors que l’Iran traverse depuis la mi-septembre un soulèvement sans précédent, réprimé dans le sang. Selon l’Agence de presse des militants des droits de l’homme (HRANA), au moins 328 civils ont été tués, dont 50 enfants.
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Vendredi après-midi, la photo de Masih Alinejad, 46 ans et résidant aux États-Unis, serrant la main du président français a été immédiatement publiée dans des médias étrangers hébergés à l’étranger. Trois autres femmes iraniennes ont pris part à cette rencontre : Ladane Boroumand, co-fondatrice du Centre Abdorrahman Boroumand, une organisation non gouvernementale œuvrant pour la promotion des droits de l’homme en Iran depuis 2002. Shima Babaie, une ancienne prisonnière politique arrêtée pour avoir participé à une vague de protestation fin 2017-début 2018 et aujourd’hui exilé en Belgique. et Roya Majidi, dont la mère, Minou, a été tuée par le régime lors d’une manifestation au début du soulèvement en cours. La photo de cette Iranienne de 25 ans, au regard déterminé, au crâne rasé, tenant ses cheveux coupés à la main à côté de la tombe de sa mère à Sanadaj (une ville kurde en Iran), est devenue l’une des images fortes de manifestation en Iran.
Si, pour l’instant, rien n’a filtré sur le contenu des échanges entre le président français et ces trois dissidents iraniens, le simple fait qu’il les ait rencontrés envoie un message fort de soutien à ceux qui s’opposent à la République islamique d’Iran, selon Masih Alinejad . Le Monde l’a rencontrée à son hôtel à Paris la veille de son entretien avec le chef de l’Etat. Elle nous a ensuite expliqué sa démarche : « Les Iraniens sont en route. Je ne demande à personne d’intervenir pour renverser le régime. Mais reconnaissez la voix du peuple iranien. Nous ne vous demandons pas de sauver les Iraniens, mais d’arrêter de sauver ceux qui les tuent. Des dirigeants comme le président américain Joe Biden sauveront finalement la République islamique en poursuivant les pourparlers sur le nucléaire. »
Empêcher les exécutions
Depuis plus d’un an, Téhéran et les signataires de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 (Royaume-Uni, France, Russie, Chine et Allemagne) ont repris les pourparlers pour que les États-Unis reviennent à ce pacte, qu’ils ont unilatéralement dénoncé par l’ancien président américain. Donald Trump en 2018. Une sortie américaine qui a permis à Téhéran de se libérer des règles de l’accord en reprenant un grand nombre de ses activités nucléaires a été suspendue jusqu’à. Les pays favorables à l’accord veulent donc donner une chance à la diplomatie de remettre Téhéran en conformité avec les règles du pacte. Mais les opposants à l’Iran craignent que la renégociation de l’accord ne conduise à la levée des sanctions internationales contre Téhéran et permette ainsi au régime de bénéficier de dizaines de milliards de fonds iraniens gelés à l’étranger. Il vous reste 51,54% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.