Réactions, décryptage… Regardez dans notre direct les dernières informations après le second tour des élections législatives Même si Elizabeth Bourne présente sa démission, il n’est pas certain qu’elle soit reconduite à Matignon. La pression est forte sur les épaules du Premier ministre qui, en tant que leader de la majorité, doit assumer les résultats désastreux de son camp. “Nous travaillerons demain pour construire la majorité de l’action” car “il n’y a pas d’alternative”, a assuré dimanche soir Elizabeth Bourne, le visage sérieux de Matinion. Son environnement défend également la détermination du premier ministre à gouverner le pays. “Il a été chargé par le président de travailler pour la majorité de l’action. Nous devons nous rallier au plan du président pour ne pas bloquer le pays.” L’entrée d’Elisabeth Borne chez franceinfo A partir de 20h00 dimanche soir, cependant, l’opposition a revendiqué sa tête. L’invité de BFMTV Manuel Bompard, député européen et membre de La France Insoumise, a déclaré qu’Elisabeth Borne “devrait partir”, estimant qu’elle n’avait pas réussi à convaincre une majorité de députés européens à l’Assemblée nationale. Il n’a donc aucune légitimité politique pour gouverner.» Même son de cloche du côté de Louis Aliot, le vice-président du RN. Selon la majorité, “l’enjeu n’est pas là”, selon le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, sur franceinfo lundi matin. La porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, a déclaré à France Inter: “Au moment où je parle, la question n’a pas été posée. Nous verrons dans les prochaines heures.” D’autres, en revanche, sont plus affirmatifs, laissant la porte ouverte. “C’est légal de rester, et ça peut trouver des majorités dans les textes, il faut le voir testé au Parlement”, supplie François Patrias, le chef de file des sénateurs LREM. “La décision appartient au président de la République seul, c’est son choix et je le soutiendrai.” François Patriat, chef de file des sénateurs LREM chez franceinfo En général, la longévité ne se précipite pas au portail pour épauler le locataire de Matignon. “Après tout, il y a un gouvernement pour le refaire. Le reste ne dépend pas de moi”, a déclaré un autre député puissant. Il faut dire que les débuts d’Elizabeth Bourne à la tête du gouvernement sont au diapason. L’implication de l’ancien patron de la RATP dans la campagne a été décevante. “Il nous manque un pétitionnaire et Bourne n’a pas cette ambition”, a déclaré un député sortant avant le premier tour. Entre les deux tours, face à la mauvaise note de la majorité, Elisabeth Borne anime une visioconférence avec les candidats prétendant au second tour. Une émission qui avait laissé certains d’entre eux sceptiques. “C’était une catastrophe, elle a lu son texte sans lever la tête, il n’y avait pas de spontanéité, elle avait l’air d’une préfète.” En arrière-plan, les macronistes répètent à l’envi cette petite phrase : de toute façon, le chef de la majorité, c’est Emmanuel Macron. Cependant : le manque de leadership d’Elizabeth Bourne combiné au résultat de dimanche après-midi rend l’avenir du premier ministre très incertain, selon Bruno Katres, chercheur au CNRS. “Elle est généralement faible, n’a pas mené la campagne et est élue avec un faible taux de participation.” Bruno Cautrès, politologue chez franceinfo Pour ce premier tour de scrutin, le chef du gouvernement a été élu avec 52,46% dans la 6e circonscription du Calvados face au jeune et méconnu militant du Nupes Noé Gauchard. Un score assez faible qui n’a échappé à personne en interne. “J’entends que ce n’est pas un score élevé, mais c’était un symbole d’être évincé par LFI, comme d’autres ministres. Il a été élu député”, a déclaré l’avocat d’Elizabeth Bourne. Ce n’est pas suffisant pour justifier son maintien au pouvoir, selon un responsable de la majorité qui appelle à un “changement de gouvernement” après “ce vote de sanctions dont il faut tenir compte”. “Il faut avoir un gouvernement politique, c’est un sport extrême de trouver une majorité”, a-t-il dit. Un vrai défi car Macron n’a pas d’hommes politiques et de nombreux ténors – Richard Ferrand et Christoph Kastaner en tête – ont été battus dimanche soir. Et qui pourrait remplacer Elisabeth Borne, au pouvoir depuis seulement cinq semaines ? Aucun nom requis depuis le début. Il a fallu plus de trois semaines au chef de l’Etat pour nommer son ancien ministre du Travail à Matignon. Tout cela fait dire à un ministre du cabinet qu’il ne voit pas “le président déconnecter Elizabeth Bourne très vite, ce n’est pas son caractère”. Mais il décolore aussitôt, « il est certain qu’il devra faire preuve de logique politique pour manœuvrer dans cette Assemblée ».