L’Otan a également annoncé mardi soir qu’une “réunion d’urgence” de ses ambassadeurs se tiendrait mercredi matin pour discuter du dossier. Auparavant, une réunion d’urgence du Conseil de défense s’était tenue en Pologne, qui a mis son armée en état d’alerte mardi. Varsovie a également affirmé que le missile qui a touché son territoire était “de fabrication russe”, tandis que le département américain de la Défense a lancé une enquête. « C’est peut-être un message envoyé aux pays membres de l’Otan que la Russie est prête à élargir le front et à aller jusqu’au bout dans ce conflit », explique le vice-chancelier adjoint à la recherche au Collège royal canadien et expert de la Russie, en entrevue à Doit être. «Il y a lieu de s’inquiéter», estime Éric Ouellet, expert en sociologie militaire et professeur au Collège des Forces canadiennes, qui y voit un «danger» que le conflit ukrainien déborde des frontières du pays. . Un risque pourtant faible, tant la Russie que l’Occident n’ont aucun intérêt à prendre le risque que ce conflit devienne la « Troisième Guerre mondiale ». Moscou a également fermement démenti mardi les affirmations de Kiev selon lesquelles la Russie était responsable des missiles russes qui ont touché deux immeubles résidentiels près du village polonais de Przewodow, près de la frontière avec l’Ukraine, tuant au moins deux personnes. Le ministère russe a qualifié sur Telegram les informations véhiculées par les médias et responsables officiels polonais de “provocations” visant “à créer une escalade de la situation”. “Il n’y a pas eu de frappes sur des cibles proches de la frontière ukraino-polonaise” par l’armée russe, a indiqué le ministère de la Défense. Une affirmation conforme à la propagande à laquelle la Russie a habitué l’Occident ces derniers mois, note le fondateur de la Chaire Raoul-Dandurand d’études stratégiques et diplomatiques, Charles-Philippe David. “Je serais extrêmement surpris s’il s’agissait d’autre chose que des missiles russes, fabriqués en Russie [qui aient explosé en Pologne] dit M. David. Selon l’expert, le scénario le plus probable est celui d’une “bavure” de la Russie, qui aurait bombardé accidentellement la Pologne mardi dans le cadre de ses nombreux raids en Ukraine qui ont provoqué d’importantes pannes d’électricité dans le pays, ainsi qu’en Moldavie. Cependant, le scénario d’un acte “délibéré” de Moscou reste possible. « Si ce deuxième scénario venait à se confirmer, ce serait très grave, très grave sur le moment. Et si la Russie ne s’excusait pas, il y aurait des conséquences”, note Charles David. En tout cas, “attendons un peu avant de sauter aux conclusions”, conseille l’expert. “Nous ne voulons pas provoquer d’escalade. »
Plus de pénalités
L’article 5 du Traité sur l’Alliance atlantique stipule que si un État membre est victime d’une attaque armée, les autres considéreront cet acte de violence comme une attaque armée contre tous les membres et prendront les mesures jugées nécessaires pour aider les réception de l’attaque du pays. Les experts consultés par Le devoir Cependant, considérez qu’il est peu probable que cet article soit invoqué, ce qui pourrait alors conduire à une extension du conflit armé au-delà des frontières de l’Ukraine. Cependant, l’Occident pourrait décider d’appliquer davantage de sanctions diplomatiques à la Russie, tandis que l’OTAN pourrait accroître sa présence militaire dans les pays d’Europe de l’Est membres de cette alliance. Actuellement, environ 10 000 soldats américains sont basés en Pologne, qui est membre de l’OTAN depuis 1999. “On peut essayer d’isoler davantage la Russie” sans recourir à des moyens militaires, explique Pierre Jolicoeur. Cette situation inédite dans le conflit ukrainien intervient également dans un contexte où la Russie accumule les revers militaires dans ce pays d’Europe de l’Est. Après avoir cessé de faire des gains dans l’est du pays ces derniers mois, la récente libération de Kherson – la seule capitale provinciale que Moscou avait capturée – a déclenché des vacances en Ukraine et a permis aux familles de se réunir pour la première fois depuis des mois. “Avec les gains incroyables des Ukrainiens, il est clair que nous sommes dans une situation très instable car il me paraît évident que la Russie ne lâchera rien”, note Charles-Philippe David, qui se demande comment Moscou pourrait finalement sortir de là. la dissolution”. “Il est clair que la Russie n’est pas en mesure de prendre le contrôle de l’Ukraine et ne pourra pas maintenir le contrôle de l’Ukraine à long terme”, analyse l’expert. Dans le même temps, ajoute-t-il, il est difficile d’imaginer que le président russe Vladimir Poutine sera un jour ouvert à la tenue de pourparlers de paix pour mettre fin à ce conflit qui couve. -Avec La Presse canadienne et l’Agence France-Presse