Pourquoi certaines personnes développent-elles un Covid à long terme ? Plus de 2 millions de personnes sont concernées, soit 30% des personnes infectées, selon la Santé publique. Dans une étude menée par Alain Thierry, directeur de recherche Inserm, et qui associe des scientifiques de l’Inserm, de l’Université de Montpellier, de l’Institut de recherche en cancérologie et du CHU de Montpellier, une nouvelle voie pour comprendre la persistance des symptômes s’ouvre aujourd’hui : une dérégulation d’une partie de la défense immunitaire dite “innée”, qu’Alain Thierry et son équipe de l’Institut de recherche sur le cancer de Montpellier avaient déjà identifiée dans les formes sévères de Covid-19, rappelle l’Inserm. L’étude a été publiée dans le Journal of Medical Biology. Alain Thierry est directeur de recherche à l’Inserm.
“Comme une maladie auto-immune”
A comprendre en deux mots et avant d’aller plus loin dans l’explication : imaginons que notre système immunitaire soit une armée. Les chercheurs ont montré que lorsqu’un long Covid se développe, la première ligne de soldats en hausse, qui devra se réorganiser après que le virus frappe, reste en mode “combat”, sans échappatoire pour revenir à la normalité. Les “NET”, ces pièges très puissants utilisés contre les virus par les “soldats” du front qui refusent de déposer les armes, sont des “filets” constitués de brins d’ADN, mais aussi d’enzymes bactéricides et de molécules pro-inflammatoires. Leur activation, note Alain Thierry, entraîne une succession de microthrombose au niveau du cœur, dans les vaisseaux sanguins notamment, et à une inflammation caractéristique des pathologies associées au long Covid, comorbidités bien connues des médecins : phlébite, thrombose artérielle, inflammation des articulations, hypertension. . Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont identifié des marqueurs biologiques et physiologiques dans un groupe de 155 patients malades et les ont comparés à ceux de 122 individus sains. Ainsi, ils ont identifié des marqueurs biologiques et physiologiques du Covid au long cours. Parallèlement aux recherches en cours de publication, Alain Thierry et son équipe ont déposé en août dernier un brevet pour un test sanguin permettant d’identifier ces marqueurs. “Cet essai clinique a démarré au CHU de Montpellier en même temps qu’un essai mené aux Etats-Unis, mais nous sommes les premiers à démontrer ce dérèglement du système immunitaire” dans le long Covid, rapporte Alain Thierry.
Inhibiteurs, antioxydants, bientôt guéris ?
“La prochaine étape, c’est de pouvoir proposer un traitement aux patients atteints du Covid long”, pointe Alain Thierry, plutôt optimiste sur les deux parcours thérapeutiques : “Avec les inhibiteurs de l’ADN, on a des traitements qui vont dans ce sens. qui sont utilisés dans d’autres pathologies. Et on peut aussi utiliser des antioxydants comme la vitamine C, par exemple. Des essais sont déjà en cours aux Etats-Unis et à Strasbourg notamment, explique le chercheur, qui ne cache pas son enthousiasme : “C’est vraiment une avancée, et ça va aussi être utilisé dans le traitement des cancers qui provoquent aussi des événements thrombotiques. c’est le cas de 10 à 20 % des patients atteints d’un cancer du côlon par exemple ». D’autres pathologies concernent : l’obésité, l’hypertension artérielle, le diabète, la polyarthrite rhumatoïde…
L’Académie de médecine prévient : “On meurt toujours du Covid en France”
Dans un communiqué publié ce mercredi 9 novembre, l’Académie nationale de médecine s’inquiète d’une baisse de vigilance, alors que “le Covid est toujours là” et que “la grippe est de retour”. “Malgré une forte baisse de la mortalité, des personnes meurent encore du Covid-19 en France. Sur les 153 000 décès imputés à cette pandémie, environ 30 000 sont survenus depuis le début de l’année 2022, plus des trois quarts depuis l’épidémie. 65 ans », indique l’Académie, qui fait état d’une moyenne quotidienne de « 70 décès depuis la mi-octobre ». Or, “la couverture vaccinale est au point mort depuis plusieurs mois, même chez les personnes les plus à risque de formes graves”, prévient l’autorité sanitaire, qui souligne que “la campagne de rappel a été mal suivie par les personnes éligibles, seulement 38,4% des 60-79″. ans sont vaccinés et 51,1% des plus de 80 ans”.