Les députés ont approuvé cette réforme menée par le ministre du Travail. Le Sénat devrait emboîter le pas jeudi. La France retrouvera-t-elle le plein emploi d’ici 2027 ? L’objectif reste « atteignable », a déclaré lundi le ministre du Travail Olivier Dussopt, malgré les mauvaises perspectives de croissance de la France. Pour y parvenir, le gouvernement investit massivement dans la réforme du système d’assurance-chômage. Celui-ci est en cours d’adoption définitive cette semaine, après avoir été approuvé en première lecture par l’Assemblée nationale en octobre puis par une commission paritaire la semaine dernière. Mardi, en fin de journée, les députés ont voté en faveur de ce texte, par 210 voix contre 140, malgré l’opposition des élus de gauche comme le RN. Sauf extraordinaire retournement de situation, le soutien que la droite s’engage à apporter à la majorité présidentielle permettra de ratifier jeudi le projet de loi au Sénat. Lire aussi Assurance-chômage : comment fonctionne le système canadien, dont le gouvernement veut s’inspirer ? Le texte comprend plusieurs changements importants. Dans sa forme actuelle, le premier article donne au gouvernement la possibilité de modifier les règles de l’assurance-chômage. Le principe de contracyclicité cher à Emmanuel Macron sera donc mis en œuvre par décret. Les modalités de l’indemnisation seront façonnées en fonction de la situation du marché du travail : “Plus dures quand trop d’emplois sont vacants, plus généreuses quand le chômage est élevé”, a résumé le chef de l’Etat. Parmi les leviers qui pourraient être activés figurent la durée d’indemnisation et les conditions d’ouverture des droits. Le décret gouvernemental détaillera le fonctionnement de cette différenciation, qui fait l’objet d’une concertation avec les partenaires sociaux depuis la mi-octobre. Le texte met l’accent sur l’implication des syndicats dans la gouvernance de l’assurance chômage. VOIR AUSSI – Assurance-chômage : l’Assemblée nationale approuve un projet de loi pour lancer une nouvelle réforme
La chasse au chômage volontaire
Autre grande innovation qui apparaît dans le projet de loi : la redéfinition de l’abandon d’emploi. Jusqu’à présent, le licenciement d’un salarié qui s’absente pendant une période prolongée ou répétée de son horaire sans justification n’empêchait pas ce salarié de percevoir une indemnité de chômage. Or, en requalifiant ce licenciement en démission, le texte législatif prévoit le déni du droit à l’assurance-chômage. « Le salarié qui a volontairement quitté son poste et qui ne reprend pas son travail après mise en demeure (…) est présumé démissionnaire », est précisé à l’article 1a. Le salarié qui conteste la décision de son employeur est incité à saisir les prud’hommes, qui doivent « statuer au fond dans un délai d’un mois ». Cette mesure a provoqué la colère de la gauche au Parlement. Les députés du NUPES estiment que les cas de débrayage sont “marginaux” et ne valent pas “l’affaiblissement des protections des travailleurs”. Lisez aussi Des avantages sociaux plus restreints ne suffiront pas à vous permettre de retrouver un emploi à temps plein Le même concours à gauche dans un autre article du projet de loi, ajouté par des sénateurs de droite et retenu par le gouvernement, qui avait pourtant montré des signes de désapprobation. Celui-ci supprime les droits à l’assurance chômage d’un travailleur intérimaire ou en contrat à durée déterminée (CDD) qui refuse deux fois dans l’année un contrat à durée indéterminée (CDI) proposé par son employeur pour le même poste. , au même endroit et avec le même tarif. “En cas de refus du salarié, l’employeur informe Pôle emploi en justifiant de la similitude de l’emploi proposé”, précise le projet de loi. Concrètement, un salarié en contrat court qui refuse deux fois le CDI se verra refuser les allocations chômage à la fin de son contrat. L’esprit de ces mesures est de “refuser l’indemnisation (aux) demandeurs d’emploi qui ne sont pas en situation de privation involontaire de travail”, résume le rapporteur Marc Ferracci, député de la majorité. D’autres dispositions du projet de loi ont été moins discutées. En particulier, la création d’un service public de validation des acquis, chargé d’organiser des certifications basées sur l’expérience professionnelle et personnelle (en l’absence de diplômes). Ce groupement d’intérêt public devrait tenir compte des “besoins de qualification des régions”. Le gouvernement a également réussi à maintenir l’extension du système de bonus-malus pour la contribution des employeurs à l’assurance-chômage, qui vise à sanctionner les entreprises qui recourent massivement aux contrats à court terme.