Le commissaire André Gariépy n’en est pas à son premier rodéo. Il a trente ans d’expérience dans le système professionnel. Il connaît tous les acteurs et l’histoire des rôles de chacun (et des meilleurs hommes). Le commissaire a tous les pouvoirs d’enquête prévus par la Loi sur les commissions publiques d’enquête. Evidemment, c’est très sérieux. Échec colossal Rappelons que l’Ordonnance a attribué une note d’échec à plus de la moitié des candidats aux récents concours d’entrée, ce qui est une anomalie. Historiquement, la grande majorité des candidats à la profession ont réussi. Sans analyse sérieuse, l’Ordre a avancé une excuse « prête à plaider » : la pandémie est en cause ! La réalité peut s’avérer bien plus compliquée que cela. L’attitude antérieure de l’Ordre à l’égard de l’enseignement de la profession dans les cégeps sera examinée au peigne fin pour voir s’il existe d’autres raisons qui pourraient expliquer ce taux d’échec élevé. Protéger le public ou la profession ? Il y a 35 ans, j’ai eu l’honneur d’être nommé président de l’Office des professions du Québec. Cet organisme est chargé de veiller à ce que les commandes commerciales protègent le public. Comme on pouvait s’y attendre, l’Ordre soutiendra qu’il joue justement ce rôle, avec ses examens d’entrée. Cependant, les infirmières sont l’épine dorsale de notre système de santé. Les étudiants qui ont satisfait à toutes les exigences académiques fixées par le gouvernement pour accéder à une profession devraient normalement pouvoir y accéder. Cependant, pour des raisons historiques, de nombreux ordres, dont celui des infirmières, ont la possibilité d’ajouter un examen d’entrée. Pendant mon temps à la tête du Bureau, la présidente de l’Ordre des infirmières et infirmiers méprisait la formation de trois ans dispensée au cégep. Pour elle, ces diplômées du collégial qui aspiraient à la profession infirmière n’étaient que des « infirmières techniciennes ». Ceux qui avaient une formation universitaire, il les appelait “infirmiers diplômés” de… En fait, depuis, cette différence s’est concrétisée avec la création du titre d’infirmière clinicienne, avec un champ de pratique élargi pour les diplômées universitaires. Il y a aussi des infirmières, avec des droits de pratique encore plus étendus, qui ouvrent même des cliniques. Nous ne parlons pas ici des examens des écoles de commerce. Il fait référence au droit d’exercer sa profession après des années d’études ardues et après avoir réussi le programme de formation agréé et exigeant défini par un “règlement d’accès aux diplômes”. Il faut agir Il est important que le commissaire Gariépy puisse remettre son rapport au gouvernement dans les plus brefs délais. Il est important que la ministre Sonia Lebel, responsable de toutes les professions, puisse agir sans tarder. C’est une question d’équité et de justice par rapport à ces centaines de diplômés qui ne méritent pas de porter le fardeau d’une vieille avarice corporatiste.
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