Dans une déclaration à la presse et en direct à la télévision, le président Recep Tayyip Erdogan a dénoncé une attaque ignoble qui a fait six morts et 53 blessés. Les premières observations suggèrent un attentat terroriste, a déclaré le chef de l’Etat, ajoutant qu’une femme serait impliquée, sans donner plus de détails. Des rumeurs ont circulé immédiatement après l’explosion évoquant un attentat suicide, sans aucune confirmation ni preuve. L’attaque n’avait pas revendiqué la responsabilité en début de soirée. “Les auteurs de cette attaque odieuse seront démasqués. Que notre peuple soit en sécurité [qu’ils] sera puni. » — Citation du président turc Recep Tayyip Erdogan M. Erdogan a déjà fait face à une campagne nationale de terreur en 2015-2016. Revendiquée en partie par le groupe Etat islamique, elle avait fait près de 500 morts et plus de 2.000 blessés. L’estimation initiale du gouverneur d’Istanbul, Ali Gerlikaya, avait fait état de quatre morts et 38 blessés. La police a immédiatement mis en place un large cordon de sécurité pour interdire l’accès à la zone meurtrie par crainte d’une seconde explosion. Un déploiement imposant des forces de sécurité a également bloqué tous les accès au quartier et aux rues adjacentes, a constaté le vidéaste de l’AFP. J’étais à 50-55 mètres, tout à coup il y a eu un bruit d’explosion. J’ai vu trois ou quatre personnes au sol, a raconté à l’AFP un témoin, Cemal Denizci, 57 ans. “Les gens couraient en panique. Le bruit était énorme. Il y avait de la fumée noire. Le son était si fort, presque assourdissant. » — Citation de Cemal Denizci, témoin de l’explosion Selon des images diffusées sur les réseaux sociaux au moment de l’explosion, celle-ci, accompagnée de flammes, a été entendue de loin et a immédiatement semé la panique. Un grand cratère noir est visible sur ces images, ainsi que plusieurs corps tombés gisant à proximité. Le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, s’est rapidement rendu sur les lieux : j’ai été prévenu par les pompiers d’Istiklal. Ils poursuivent leur travail en coordination avec la police, a-t-il indiqué sur Twitter, exprimant ses condoléances aux victimes et à leurs proches. Dans le quartier voisin de Galata, de nombreuses boutiques ont baissé tôt leurs rideaux. Certains passants, venus en courant du lieu de l’explosion, avaient les larmes aux yeux, a constaté un journaliste de l’AFP. Le soir, les terrasses des restaurants de ce quartier très touristique restaient en partie vides.

Censure d’État

Le Conseil suprême de l’audiovisuel turc (RTUK) a rapidement interdit aux médias audiovisuels de diffuser des images de la scène, une décision justifiée par le directeur de la communication présidentielle et proche conseiller du président Erdogan, Farhettin Altun, pour prévenir la peur, la panique et les troubles dans la société et servir les fins des organisations terroristes. Toutes les agences et organisations de notre État mènent une enquête opportune, approfondie et efficace sur l’incident, a-t-il promis dans un communiqué. L’émotion est intense à Istanbul, déjà durement touchée par le passé. Les matchs des principaux clubs de football d’Istanbul, dont Galatasaray, ont été annulés. La rue Istiklal, qui signifie Indépendance, dans le quartier historique de Beyoglu, est l’une des artères les plus célèbres d’Istanbul, entièrement piétonne sur 1,4 km. Traversée par un ancien tramway, pleine de commerces et de restaurants, elle est empruntée par près de 3 millions de personnes par jour le week-end. Elle avait déjà été touchée en mars 2016 par un attentat suicide qui avait fait cinq morts. En Grèce, avec laquelle Ankara entretient des relations tendues, le ministère des Affaires étrangères a condamné sans équivoque le terrorisme et a exprimé ses sincères condoléances au gouvernement et au peuple turcs.