Vous pouvez écouter cet article sur l’application “La Matinale du Monde”. Sur la façade du Cirque d’hiver, à Paris, un écran proclame : “La musique pop est morte, vive le théâtre” (“la musique pop est morte, vive le théâtre”). Avant de se lancer dans le chant, la jeune nantaise Héloïse Letissier s’était consacrée au théâtre et à la danse. Sous le nom de Christine and the Queens, puis de Chris, il avait laissé la musique prendre le dessus, sans négliger la chorégraphie. Sous son nouveau surnom Redcar, qu’il faut désormais classer au masculin, il fait la part belle à la théâtralité, lors de concerts et d’un album francophone, Les Adorables Etoiles (sorti le vendredi 11 novembre), censé être le prologue de un prochain opéra en anglais (début 2023). Lire le portrait : L’article est pour nos abonnés Christine and The Queens, monarque absolu
En costume noir, entouré de complices masqués mais sans organiste, il apparaît d’abord, au centre de la scène, en Monsieur Loyal de son propre spectacle. Ce mercredi 9 novembre, pour le premier de ses deux concerts parisiens au complexe familial Bouglione, Redcar promet un “rituel psychomagique”, invitant le public à s’investir avec la même énergie, non filtrée par les téléphones portables. On le voit se promener avec une canne, la jambe un peu raide. Pas de comédie ici, mais les séquelles d’un accident de travail qui a bouleversé son programme de baptême public. Initialement prévus les 22 et 23 septembre, avant un concert à Londres quelques jours plus tard, ces concerts, qui coïncidaient avec la sortie de l’album Les Adorables Etoiles, ont dû être reportés suite à un coup de genou de Redcar lâché lors d’une ultime répétition. Moins de deux mois plus tard, la chanteuse-danseuse soucieuse de fluidité n’a pas récupéré tous les médias. Cela l’oblige à repenser une grande partie de son interprétation, tout en gardant l’idée de sortir simultanément un disque fournissant la seule bande originale de ces “concerts”.

Blessure initiale

Une épreuve pour un projet déjà fruit d’une blessure originelle. En avril 2019, Héloïse Letissier perdait subitement sa mère, Martine, professeur de littérature, alors que Chris se produisait la veille au célèbre festival Coachella en Californie. Quelques mois plus tard, au moment de la pandémie, l’artiste fait le pari de composer en moins de deux semaines une série de chansons cathartiques pour surmonter ce choc et refléter aussi les changements de son identité. Dans une récente interview accordée au journal britannique The Guardian, le Français avoue qu’il a longtemps continué à jouer le rôle de la fille de sa mère. Après la disparition de ce dernier, rien ne l’a empêché de reprendre sa transition en main. “Le mâle, dans mon verbe et dans ma chair et dans ma conscience, depuis le plus longtemps que je me souvienne, a été porteur de mon illumination”, écrit-il, vendredi 4 novembre, dans une tribune du magazine Antidote. Il vous reste 56,19% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.