MILITAIRE – L’armistice du 11 novembre, célébré chaque année dans toutes les communes de France, a d’excellentes raisons. Après quatre ans de Grande Guerre, les canons se sont tus et, à quelques terribles exceptions près, les morts ont cessé. Dès lors, la date a été retenue comme celle de la fin effective du conflit… Mais ce n’était que provisoire, comme vous pouvez le découvrir dans la vidéo en tête de cet article. L’armistice n’est pas vraiment un traité de paix. C’est, comme en témoigne son étymologie particulière, une transition vers une paix plus durable. Le suffixe – verset désignant un arrêt, une immobilité, nous assistons ici à une cessation des armes, qui se traduit littéralement du mot allemand pour armistice : Waffenruhe. Mais attention, pour qu’il y ait armistice, il faut un accord signé par les représentants du gouvernement, comme le rappelait le juriste Mario Bettati dans Le droit de la guerre. La signature d’un armistice peut être conditionnelle (paiement des réparations par exemple), mais elle permet aussi au pays signataire de garder le contrôle de ses frontières. C’est donc un acte fort et surtout durable dans l’attente du traité de paix, même s’il peut être révisé voire rompu : l’armistice signé à Rethondi devait être révisé tous les 36 jours.

“Il faut gagner la paix”

Les armes peuvent être arrêtées sans armistice. Il arrive que les belligérants établissent un cessez-le-feu, un scénario aux contours très flous, et donc fragile. S’il laisse généralement s’engager des négociations, le cessez-le-feu n’est pas aussi strict qu’un armistice, au point qu’une seule des parties peut en décider, sans même être d’accord avec son adversaire. Elle peut être extrêmement courte ou, au contraire, de durée indéterminée : c’est le cas de l’ETA en Espagne, qui depuis 2006 a décrété un cessez-le-feu « permanent ». Plus limitée dans son application, mais encore plus informelle, est la trêve. Il ne s’agit pas d’une tentative de laisser place à des négociations, mais plutôt d’une cessation des hostilités pour une durée très limitée, le plus souvent pour des raisons humanitaires. Depuis le début du conflit ukrainien, plusieurs cessez-le-feu ont été tenus pour permettre l’évacuation de civils ou de blessés : à Azvostal, à Marioupol… A chaque fois, de courts répits, souvent entachés d’une reprise des combats. Jusqu’à présent, c’est le plus grand apaisement que les civils puissent espérer dans la situation actuelle, tant la possibilité de négociations sérieuses semble si éloignée, tant à Kyiv qu’à Moscou. Mais même lorsqu’un cessez-le-feu, ou un armistice, aura permis d’entamer la voie d’un traité de paix entre les deux États, la route sera encore longue, à l’image de l’échec du traité de Versailles signé en 1919. Ou comme Georges Clemenceau disait le 11 novembre 1918 : « Nous avons gagné la guerre, mais maintenant il va falloir gagner la paix, et ce sera peut-être plus difficile. “. Voir aussi sur Le HuffPost : Vous ne pouvez pas voir ce contenu car vous avez refusé les cookies liés au contenu de tiers. Si vous souhaitez voir ce contenu, vous pouvez modifier vos préférences.