Posté à 16h29 Mis à jour à 18h52.
Mélanie Marquis La Presse
“Nous n’avons pas cherché à essuyer la question sous le tapis”, a déclaré le PDG sortant de Hockey Canada, Tom Reney, dans son allocution d’ouverture devant le Comité permanent du patrimoine culturel canadien, déplorant sa couverture “spéculative” de l’affaire. L’homme était accompagné de Scott Smith, président et chef de la direction de Hockey Canada, de Dave Andrews, président de la Fondation Hockey Canada, et d’un avocat, Andrew Winton. Cependant, ces derniers n’avaient pas le droit de s’entretenir avec les élus lors de cette audience du comité. Le 20 avril, une jeune femme a poursuivi 3,55 millions de dollars, dont 2 millions de dollars en amendes passées et futures et 1 million de dollars en dommages-intérêts punitifs, contre huit anciens joueurs de la Ligue canadienne de hockey (LCH), contre la ligue elle-même et contre de Hockey Canada. Or, l’organisme a été informé très rapidement des faits allégués, qui dateraient de la nuit du 18 au 19 juin, selon La Presse. Cela a été confirmé par Tom Renney aux membres élus du comité, affirmant qu’il avait été informé de l’incident le 19 juin 2018. Quant aux autorités policières, elles ont été prévenues “entre 18 heures et et 19h” dans l’après-midi du 19 juin, Scott Smith a précisé à sa droite.
Pas un sou des joueurs
L’ordonnance de règlement a été signée par Hockey Canada “au nom de tous les défenseurs” – ce qui signifie que les joueurs de hockey impliqués n’ont rien payé, selon Scott Smith en réponse aux questions du libéral Anthony Housefather, qui a plus tard qualifié la révélation d’”inquiétante”. Et l’identité des sportifs, l’organisme dit ne pas la connaître. “Si nous avions connu le numéro sur leurs maillots, il est très probable que nous aurions imposé des sanctions à ces joueurs”, a déclaré M. Smith, sur la base de la réticence de la victime présumée à identifier ses agresseurs. À la table du comité, nous étions inquiets. Car ces présumés agresseurs pourraient désormais être des joueurs d’une équipe de la Ligue nationale de hockey (LNH) ou d’une équipe de la Ligue américaine. Ils pourraient être des entraîneurs. L’anonymat que leur assure l’accord de confidentialité est inacceptable, disent les élus. Le viol collectif aurait eu lieu à Londres, quelques heures après le gala organisé par Hockey Canada en marge du tournoi de golf annuel de la fondation. Une autre révélation a fait bondir les élus : Hockey Canada n’a obligé aucun de ses joueurs à participer à l’enquête interne indépendante menée par Henein Hutchison LLP. Tom Renney et Scott Smith ont patiné en réponse à une question posée par le député néo-démocrate Peter Julian. Le premier a dit que c’était “quatre ou six”. Ce dernier l’a réfuté en précisant que ce nombre était plus élevé et a précisé un peu plus tard que “12 ou 13” joueurs avaient été rencontrés par les chercheurs de l’entreprise. Ils devraient tous l’être, selon l’avis unanime des élus qui ont participé à la commission lundi. Le conservateur John Netter a protesté contre le “manque de responsabilité” qui, selon lui, domine le hockey au Canada. “Personne n’a perdu le privilège de porter la feuille d’érable dans son uniforme. Personne n’a été sanctionné. On connaît la LNH [Ligue nationale de hockey] mène ses propres recherches. “Si nous devions déterminer que les individus devraient être tenus responsables, ce serait une tache sur Hockey Canada.” La victime présumée, aujourd’hui âgée de 24 ans, accuse les jeunes joueuses, dont certaines venaient de remporter l’or au championnat du monde junior avec l’équipe canadienne, de l’avoir agressée dans une chambre d’hôtel ce matin. Le journaliste de TSN, Rick Westhead, a été le premier à signaler l’affaire, citant une poursuite de 18 pages déposée devant la Cour suprême de l’Ontario. Le document, que La Presse a reçu depuis, n’identifie ni la jeune femme ni ses agresseurs. Invité à évaluer le nombre de plaintes d’inconduite sexuelle signalées à Hockey Canada au cours des dernières années, Scott Smith a estimé qu’”un ou deux incidents par an” se sont produits “au cours des cinq à six dernières années”. Le 20 avril 2022, jour du dépôt de la plainte du plaignant, Tom Renney a annoncé sa démission. Pure coïncidence, a-t-il dit à la table du comité. “Il n’y a pas de relation”, a-t-il dit.
L’apparition de St-Onge approche
La ministre déléguée aux Sports, Pascale St-Onge, a comparu devant le comité en fin d’après-midi. Précisant avoir été informé de l’affaire le 24 mai par Tom Reney, il a réitéré qu’il était “bouleversé” d’être informé de cette “histoire malheureuse” et juré d’”aller au fond des choses car il est inacceptable que ces agresseurs présumés peuvent désormais avoir des “carrières lucratives”. Plusieurs des joueurs d’Équipe Canada junior 2018 font maintenant partie de l’équipe de la LNH. Début juin, St-Onge a demandé à Hockey Canada, une agence financée par le gouvernement fédéral, de mener une vérification financière pour déterminer si l’agence avait utilisé l’argent des contribuables pour parvenir à un règlement à l’amiable avec la victime. La Chambre des communes devait entendre lundi Glenn McCardy, l’ancien vice-président senior des assurances et de la gestion des risques au sein de la fédération, mais ce dernier a démissionné pour des raisons personnelles. Le comité n’a pas encore décidé quoi faire ensuite. En marge de l’audience, les députés Housefather et Julian n’ont pas exclu d’inviter d’autres témoins à approfondir. “Il y a encore beaucoup de questions sans réponse”, a déclaré Peter Julian lors d’une conférence de presse. Avec Simon-Olivier Lorange, Guillaume Lefrançois et Joël-Denis Bellavance, La Presse