• A lire aussi : Julien Lacroix et la chasse aux sorcières • Lire aussi : Julien Lacroix et le néoféminisme toxique • À lire aussi : Réconciliations pour Julien Lacroix et son ex, Geneviève Morin Julien Lacroix est-il le véritable monstre dépeint dans une enquête de Duty qui a fait des vagues à l’été 2020 ? A l’époque, le mouvement #MeToo battait son plein et les mouvements d’alerte étaient nombreux. Deux ans plus tard, cinq des neuf victimes présumées de l’humoriste ont rendu leurs déclarations, dans une nouvelle enquête conjointe de La Presse et du 98.5. L’ex-femme de Lacroix, Geneviève Morin, raconte qu’”il y avait une pression pour ne pas se taire” et qu’elle s’est donc retrouvée, un peu malgré elle, la figure centrale de ces témoignages. Une autre, Alice Payer, a déclaré qu’elle ne s’était jamais considérée comme une victime de l’humoriste et a regretté d’avoir témoigné au Devoir. Dans un communiqué transmis mercredi en fin de journée, Le Devoir dit respecter “le parcours de certaines des neuf victimes présumées, qui disent aujourd’hui regretter l’impact de leurs actes”. Cela fait partie de la conversation sociale plus vaste et complexe du mouvement #MeToo. » lettres de suicide Depuis la publication de la recherche il y a deux ans, Julien Lacroix dit avoir suivi une thérapie à la Maison Jean-Lapointe et parlé à des psychologues et des féministes. Il a mentionné que je ne peux trouver un emploi nulle part ni même faire du bénévolat. Son amie Maude Sabbagh a déclaré avoir trouvé les lettres de suicide de son amant le lendemain de la publication de l’enquête Duty. « Je suis rentré à la maison et il avait laissé une lettre pour tous ses frères et moi. » Julien Lacroix a tenté un modeste retour sur scène en juillet dernier. Il a été contraint d’annuler l’événement parce que ses proches avaient reçu des menaces de mort. “C’était ma dernière chance. Je suis un nom de famille. Je serai traité de violeur pour le reste de ma vie”, a-t-il déclaré à La Presse. ils ont une vie normale Annie Parizeau, qui a été la gérante de Lacroix pendant trois ans, affirme que l’humoriste a “payé cher”. « Il veut juste vivre ! Il ne peut même pas faire du bénévolat. » Copropriétaire du Bordel Comédie Club et ancien associé de Lacroix, Charles Deschamps espère que l’exposition de mercredi “permettra peut-être à Julien d’avoir une vie plus normale”. Cependant, elle ne revoit plus l’humoriste sur scène. «Son personnage de scène était tout sexe, drogue et rock and roll. L’article d’il y a deux ans signifie qu’on ne peut plus voir ce type dans ce personnage. On ne rirait plus jamais aux blagues de la même façon. Même si le public voulait le revoir, ce ne serait pas aussi risible. Il a perdu toute efficacité comique. » À QUOI PENSENT-ILS «Il existe des moyens de contourner ces accusations. Nous ne sommes plus au Moyen Age… Rien ne justifie une exécution publique sans procès. » -I Michel Lebrun, président de l’Association des avocats de la défense du Québec “Il y a des failles dans le journalisme. C’est un avantage d’avoir plusieurs instruments sur le même marché. Certains compensent les faiblesses des autres. » -Marc-François Bernier, professeur titulaire au Département des communications de l’Université d’Ottawa “Quand le journalisme devient militant, on a un problème de société. » -Guy Nadel, humoriste et commentateur « Faites de l’humour, vous verrez, le médium est amusant. » -Léa Stréliski, comédienne découragée par les ‘backstabbing’ entre collègues « J’espère qu’il n’y a pas une seule fille ce matin qui lise ceci et pense, eh bien, je vais le garder pour moi. » – Rosalie Vaillancourt, humoriste et “victime”
Du côté des victimes
Le Groupe Phaneuf maintient sa position “Ces personnes, qui sont accusées ou reconnues comme agresseurs, ne doivent plus avoir de place dans l’espace public. “L’ancienne productrice exécutive du one man show de Julien Lacroix, Véronique Bigras, est claire sur l’avenir possible sur les planches de son ancien protégé. En septembre 2019, le Groupe Phaneuf lançait fièrement la première exposition solo de Julien Lacroix, Jusqu’ici tout va bien. Les critiques étaient élogieuses. La tournée se vendait bien dans toute la province. Véronique Bigras Dix mois plus tard, tout s’écroule avec la publication de l’enquête du Devoir. “C’est un gros drame à Phaneuf, ce qui s’est passé”, raconte Véronique Bigras, directrice marketing à la boîte. Des dizaines de personnes ont perdu leur emploi à cause de Julien Lacroix. » Dès la publication de l’enquête, la société a coupé les ponts avec l’humoriste. Le rapport de La Presse, qui met en doute certains témoignages de victimes, ne change pas la position de Phaneuf. “On se met du côté des victimes, parce qu’il y en a quand même”, assure Véronique Bigras. Les neuf n’ont pas témoigné. Il y a aussi ceux qui vivent dans l’ombre. J’ose imaginer que ce sont de vraies victimes et qu’ils ne veulent pas s’en occuper. Ce n’est pas un processus facile. » Laboratoire sur le harcèlement Chez Phaneuf, le mouvement #MeToo “nous a fait réaliser de belles choses”, raconte Véronique Bigras. Depuis deux ans, l’entreprise offre à ses employés un atelier sur le harcèlement. “Nous devons être cohérents avec nos valeurs. C’est bien d’en parler, mais il faut savoir reconnaître les signes [d’agression]. Que fait-on dans ce cas ? » L’atelier servira de projet pilote et pourra ensuite être présenté à toutes les équipes de production en tournée. “Après, c’est pour sensibiliser les artistes, les organisateurs de tournées, les techniciens, tous ceux qui peuvent être victimes d’agressions”, précise Véronique Bigras. Nous avons tous allumé nos petites antennes pour que cela ne se reproduise plus. » LA CHRONOLOGIE DES ÉVÉNEMENTS 27 juillet 2020 : Le Devoir publie une enquête dans laquelle Julien Lacroix est visé par des allégations d’agressions sexuelles et d’abus sexuels. Neuf femmes témoignent, certaines à visage découvert. L’humoriste nie les accusations, mais se retire de la vie publique. 16 décembre 2021 : Julien Lacroix sort de sa retraite et interviewe Améli Pineda, la même journaliste du Devoir qui avait publié l’enquête sur lui un an et demi plus tôt. Le comédien dit que même s’il n’a pas pardonné aux femmes qui l’ont accusé de harcèlement sexuel, il envisage un retour. 5 juillet 2022 : L’humoriste annonce qu’il enregistrera un podcast à Montréal la semaine prochaine, devant 25 personnes. L’événement sera une façon de souligner ses deux années de sobriété. Certains de ses proches reçoivent des menaces de mort. Annule l’enregistrement. 16 novembre 2022 : La Presse+ et le 98.5 publient une nouvelle enquête dans laquelle certaines victimes disent regretter d’avoir dénoncé Lacroix.