Après deux décennies aux prises avec la vie politique niçoise, Lauriano Azinheirinha songeait à s’offrir une fin de carrière confortable dans le secteur privé. A 54 ans, cet ami proche du maire de Nice, Christian Estrosi, avait reçu une offre alléchante de Kantys, un groupe de cliniques privées en pleine expansion, propriété du millionnaire Jean-Louis Oger. “Quand un cabinet de chasseurs de têtes m’a approché avec cette proposition, je me suis dit ‘pourquoi pas ?’ J’aime les défis professionnels et travailler en santé publique correspond à mon parcours. “Le profil de M. Azinheirinha a été sélectionné en raison de son expérience managériale”, ajoute Kantys Group. Il a été calculé sans la vigilance de l’Autorité suprême pour la transparence de la vie publique (HATVP). Selon les informations du Monde, la fondation a fermé le 20 septembre son « pantouflage » sur Kantys, constatant un risque de prise illégale d’intérêts. Une décision rare, étant donné que la HATVP, garante de la dignité des fonctionnaires, ne rejette en moyenne que 10% des “projets de mobilité des fonctionnaires du secteur privé” qui lui sont déférés. Bien qu’anonyme, la décision rendue publique sur le site de la HATVP en octobre offre quelques clés pour comprendre les réticences de l’institution. Après neuf ans comme adjoint de Christian Estrosi, Lauriano Azinheirinha a été pendant cinq ans directeur général des services (DGS) de la ville et métropole de Nice, entre 2017 et 2022. Un poste discret mais stratégique, qui consiste à guider l’administration communale et d’appuyer le maire dans sa gestion, comme peut le faire un directeur d’administration dans un ministère. A ce titre, il a eu à traiter deux affaires impliquant le groupe Kantys.

Le risque de licenciement

A commencer par la vente à Kantys d’un terrain communal de 2,3 hectares dans la “vallée écologique” de la plaine varoise, sur lequel le groupe envisage de construire un grand “centre de santé” d’ici 2026. Le terrain, propriété de la commune de Nice, a été vendu pour un peu moins de 9 millions d’euros, après un avis favorable du conseil municipal en mai 2021. Peu de temps après, la métropole niçoise déclarait le projet d’intérêt général et demandait au préfet des Alpes-Maritimes une dérogation aux règles d’urbanisation. pour faciliter sa mise en place. Pourtant, ces deux discussions « avaient été validées[e]s par un de ses assistants [Lauriano Azinheirinha] agissant sous son autorité », note la HATVP. « En sa qualité de Directeur Général des Services, [il] avait forcément été briefé sur ce projet », poursuit l’avis. Il vous reste 48,5% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.