“C’est avec honneur, fierté et émotion que je vous retrouve ici”, a-t-il lancé dans la salle Pierre-Boulez, comble pour l’occasion. La France s’est débarrassée de la peine de mort en 1981 et depuis n’a cessé d’affirmer que la justice ne pouvait s’exprimer dans la peine de mort. Et d’ajouter : « C’est un choix culturel essentiel. Cette course à l’humanité qui est semée d’embûches. La paix, la démocratie, l’Etat de droit sont des combats permanents. Il en va de même pour la peine de mort. » Lire aussi Quarante ans après la loi Badinter, quels pays utilisent encore la peine de mort ?
Lors de son allocution, M. Dupond-Moretti a partagé la scène avec ses homologues du Libéria, de Zambie et de Sierra Leone. Ces trois pays africains ont officialisé, avec le Chili, leur abolition de la peine de mort. “C’est un jour de fête, de l’histoire”, s’est félicité l’ancien avocat pénaliste qui, comme Emmanuel Macron en 2021, se bat pour “l’abolition universelle”.

“Il faut du courage”

M. Dupond Moretti a également insisté sur « l’un des écueils de ce combat : l’opinion publique. il faut du courage pour aller vers l’abolition.” Il est vrai qu’une grande partie des Français souhaitent le rétablissement de la peine de mort. Dans l’enquête « French Fractures » – réalisée par Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde, la Fondation Jean-Jaurès et le Cevipof (Sciences Po) sur un groupe de 12 000 personnes et publiée en septembre 2022 – 48 % des personnes interrogées soutiennent la peine de mort . Un résultat qui fluctue depuis dix ans, mais qui reste toujours dans une fourchette comprise entre 45% et 55% des répondants. Lire aussi : En Iran, un manifestant a été condamné à mort pour la première fois depuis le début de la manifestation
Eric Dupond-Moretti a évoqué la répression en Iran “où la justice est rendue en quelques heures, sans avocat et où la peine maximale est prononcée”. Il glisse, nonchalamment : « Ça doit vous rappeler quelque chose… » La référence à l’animateur de C8 Cyril Hanouna est à peine déguisée. Ce dernier avait demandé, après le meurtre de Lola, que justice soit faite rapidement pour le principal suspect. “Si on a toutes les preuves, c’est la vie immédiate”, a-t-il déclaré le 18 octobre, lors de son émission. Des propos que le ministre a estimé relever du “déni de l’Etat de droit”.